Surtout n’allez pas croire que l’objectif de mon appareil photo n’est pas nettoyé… c’est bien le brouillard que vous voyez sur la photo de garde de cette étape… Il faut dire que de bon matin, le sol chaud et l’air frais qui vient d’en haut brumise l’atmosphère, à tel point que l’on pourrait se croire en automne. Cela dure le temps que le soleil arrive à percer et réchauffe assez l’air pour que ce brouillard disparaisse et laisse place à un ciel bleu éclairé d’un soleil radieux. Pas forcément si chaud que ça pour la saison mais ça n’en est que mieux pour marcher.
Ce matin, je prends le temps de prendre un petit déjeuner. D’abord parce qu’il est compris dans le prix de la chambre, et ce n’est pas bien de gaspiller… et aussi parce que l’étape est d’une vingtaine de km donc une petite demi-heure pour déjeuner ne sera pas un trop fort handicap pour le trajet. D’autant que je n’ai pas à faire face à la canicule, mais ça je ne sais pas au démarrage, donc c’est un peu un pari. Cela dit, j’ai chargé les réserves d’eau pour sécuriser l’hydratation du pèlerin, donc pas de risque !
Le ventre rempli, j’attache le sac, enfile les bâtons, allume Carlita et me dirige vers le début du chemin. Aie ! je me suis trompé dès le début, et Carlita ne m’a pas vraiment découragé… heureusement, ne voyant pas les flèches jaunes, j’ai rebroussé chemin rapidement et ai repris la bonne route. J’en profite pour pousser le son de l’appareil que j’avais mis en sourdine pour le dimanche. Déjà un pèlerin devant moi, et ce ne sera que le premier d’une longue file… impressionnant comme le chemin se densifie à mesure que l’on se rapproche de Santiago. Des groupes de jeunes, des couples, j’ai même vu des familles entières avec des enfants de pas plus de 10/11 ans. Ça donne des idées …
Le chemin en lui-même n’est pas très difficile aujourd’hui. Une montée de 150m de dénivelé suivie d’une descente d’autant et ensuite un grand plat. Donc, une fois la montée passée et on ne peut pas dire que ce fut très laborieux, j’ai pu apprécier grandement le reste du parcours. Enfin, ne fanfaronnons pas trop, même échauffée, la cuisse reste douloureuse mais comme me l’a conseillé ma grande gourou Roumaine du Camino, j’ai nommé Rodica, « Aime ta douleur et elle se fera oublier !! ». Je travaille dur à cet apprentissage… ce n’est pas immédiat comme concept ! Mais à la longue, on fini par adhérer et on peut dire que ce n’est pas complètement inefficace.
Et donc en compensation de cette abstraction de la douleur, j’admire le paysage. Les longs parcours dans ces chemins de mieux en mieux tracés, larges et bien entretenus. Les bordures de pierres plates dressées comme des petits murs, c’est tellement géométrique et tellement bien intégré dans cette superbe nature que j’en resterais là à les contempler. Il y en a partout… autour des jardins, des chemins, des maisons, des près, c’est trop mignon !!
Tout à coup, alors que le chemin me mène aux abords d’un petit village, je tourne à gauche au coin d’une maison, et là… un café !! Il est à peine 10h et je vois plusieurs groupes de pèlerins attablés dont certains m’ont dépassé un peu plus tôt. J’avise une table disponible, pose mon sac sur une chaise et entre dans le café après avoir chaussé le masque sanitaire de circonstance, je commande un bon gros café solo grandé !
Hum… une petite pause là, au soleil, c’est super ! Je suis assis pas très loin d’un Italien que j’ai croisé plus tôt et avec qui j’ai échangé quelques mots. Je l’ai félicité pour la victoire de son équipe de foot à l’Euro qui vient de se terminer. Et après quelques autres banalités, pas forcément concerné par le sujet, il avait ensuite poursuivi sa route. Il est installé avec un groupe d’Allemands, une femme et deux hommes.
Je déguste mon café et ce moment de repos, là, à ce café avec d’autres pèlerins… c’est magique le Camino !! Toutefois, il me semble que l’ambiance change un peu. Est-ce le nombre qui joue… les échanges semblent plus courts, moins de chaleur, … ou est-ce moi qui me fait des idées parce que je sens bien que la fin de l’aventure approche et que la nostalgie s’installe petit à petit. Ceci dit avant qu’elle ne ternisse mes derniers pas, je tiens à garder l’esprit de cette fête quotidienne que procure la marche de chaque jour, la rencontre d’autres pèlerins fut-elle rapide et succincte. Et surtout je tiens à garder mon potentiel émotionnel en éveil pour la grande fête à venir le week-end prochain. Car je suis sûr que ce sera … divin !
Voilà, je parle, je parle, ayant repris la route, je marche depuis bientôt 5 heures et déjà je vois les abords de Baamonde qui apparaissent. Il faut dire que j’ai suivi les balises du Camino et pas la voix très directive de Carlita qui elle, avait choisi une autre route. C’est assez surprenant car je n’ai pas vu de chemin alternatif sur cette étape. Encore une bizarrerie de mon application de randonnées…
J’arrive assez naturellement devant ma pension qui bien entendue n’est pas ouverte. J’appelle et je comprends que je ne suis pas attendu avant 14h… il est 12h45, je vais aller m’asseoir au café du rond-point d’à côté et manger quelque chose en attendant. Là j’attendais depuis bien 20minutes que le cafetier me serve le plat que j’avais commandé quand je vois arriver les 3 allemands croisés ce matin au café. Petite discussion sur le parcours réalisé par chacun, ils ont démarré à Bilbao, sont surpris quand je leur dis que j’ai déjà marché 1500km. Petite digression sur l’étape de demain. Les deux hommes s’apprêtent à marcher 40km pour rejoindre Sobrado dos Monces alors que la femme ne semble pas disposée à marcher autant. Pour ma part, j’ai décidé de me faire déposer sur le chemin à mi-parcours par un taxi. Je propose une place à la dame sur le ton de la plaisanterie et je vois quelle parait vraiment intéressée. D’ici à ce que nous soyons 4 dans le taxi demain matin, il n’y a pas loin… on verra au petit-déjeuner !
En attendant, je me dirige vers la pension qui est en face et prends la chambre. C’est tout neuf, l’accueil est vraiment charmant, on me recommande le bain dans la rivière qui coule à 200m de là, je penche plutôt pour une position plus allongée dans le lit de mon lit pour mieux reposer ma jambe qui pique un petit peu… Comme disait l’Italien tout à l’heure, « qui va mollo va mollo » !!
Donc direction la chambre, la douche, la sieste et enfin, la rédaction du résumé de la journée. Ce sera bien pour aujourd’hui.
Je vous souhaite une bonne lecture et vous dis à mañana !
hier est une histoire
demain est un mystère
aujourd'hui est un cadeau
Continue à prendre du bon temps
Tu te rapproches des festivités et des retrouvailles avec les pèlerins rencontrés sur ton merveilleux chemin.
L'émotion sera au rendez-vous en attendant je t'envoie de très gros bisous courage pour demain
Cher Christian
Une semaine bien agréable à suivre les activités nautiques de nos deux grands petits-enfants, suivie d'un week end de fête des voisins bien chargé, ont sérieusement perturbé mon suivi journalier de ton périple vers Saint-Jacques.
Et quand on reprend nos bonnes habitudes on se rend compte que tu as entamé la dernière semaine du pèlerinage et que tu as parcouru plus de 1500km !! Quelle aventure !!
Courage à toi, profites bien des paysages et des rencontres de ces derniers jours et croisons les doigts pour que les douleurs se mettent en sourdine jusqu'à Saint Jacques
Encore bravo et au plaisir de te retrouver à la maison
Daniel
Un petit moment que je n'étais pas venue suivre tes pérégrinations... Je vois que le soleil t'accompagne enfin et que tu touches au but ! Les rencontres se multiplient, on dirait, plus ou moins bruyantes, et toujours aussi cosmopolites. Bon courage pour les derniers kilomètres !
On repart demain dans notre campagne jusqu'à fin août. Si tu veux y faire étape, notre albergue n'est pas mal non plus ;=).
Besos.
Marie