Surprise… les fêtards de la soirée ont disparus vers 20h… Peut-être l’excès d’alcoll y est pour quelque chose quoique je me suis laissé dire par une pèlerine Allemande croisée ce matin que la fête s’était déplacée un peu plus loin dans une autre Albergue… elle y était ! Dommage pour les pèlerins de cette albergue mais au moins, moi, j’ai pu dormir tranquillement.
Aussi, ce matin, démarrage de bonne heure et avec petit déjeuner, s’il vous plait ! Servi à partir de 7h, ce qui est compatible avec le trajet d’aujourd’hui qui ne dépasse pas 21km quasiment sur du plat. Donc, un bon repas dans le ventre, Carlita programmée, je me mets en route, juste derrière l’Allemande dont je parlais précédemment. Le chemin est juste en face, je traverse et m’engage à la recherche des signes. Je vois que l’Allemande va tout droit alors que le chemin indique la gauche. Elle est déjà 300m plus loin mais je l’interpelle, elle se retourne et je lui montre la « bonne » direction. Elle m’ignore et poursuit sa route. Je me dis qu’elle prend une alternative au Camino, il y en a tellement et partout que, après tout, chacun sa route, chacun son destin, …
J’avance tranquillement dans ma phase de warm-up bien utile alors que le profil du chemin est assez plat. Je croise un couple qui règle les sangles de sac à dos. Un bonjour à la volée et je continue. Trajet plat qu’ils ont dit, ben pas au début en tout cas. En effet, cela ne dure pas longtemps… une belle côte bien longue de nature à bien échauffer les muscles se profile et j’avoue que de bon matin, c’est un peu raide. Le petit déjeuner pèse un peu sur l’estomac. Arrivé en haut, je m’arrête pour reprendre mon souffle. Le petit couple dépassé tout à l’heure me rattrape et continue sur sa lancée.
Tiens ! qui vois-je arriver là, l’Allemande partie juste avant moi et qui en fait s’est trompé tout à l’heure quand je lui montrais la bonne direction. Elle me dit n’avoir pas compris que je m’adressais à elle… en même temps il n’y avait que nous deux à ce moment-là ! Surement un reste des agapes de la veille car nous commençons à discuter et elle me raconte qu’elle était avec le groupe de jeunes à faire la nouba hier soir… On s’encanaille madame !! Et on a du mal au réveil ? On redémarre ensemble et on fait un bout de chemin avant qu’elle ne me laisse car elle souhaite aller plus loin que le terme de mon étape. Elle file un bon train et je me garde bien de le lui filer… le train… Ceci dit, elle a bien 20ans de moins que moi et surtout elle est surement en bien meilleure forme physique en tout cas, c’est ce qu’elle parait.
Je poursuis en admirant le paysage et ce ciel embrumé qui recouvre les collines et descend dans les vallées. C’est assez merveilleux. Le soleil va commencer à monter dans le ciel et il va s’occuper de dégager l’horizon mais pour l’heure, le matin est frais et un peu humide. C’est très agréable de marcher par ce temps. D’autant que les chemins sont superbes et très bien entretenus, en particulier les petits chemins, bordés par des talus et qui semblent taillés dans la terre, dessinant comme un sillon. Ou encore un peu plus loin, ces autres chemins bordés de larges pierres plates dressées. C’est vraiment joli et pittoresque.
J’en arrive à un superbe coin que je choisi pour un arrêt repos. Un superbe pont de pierre, au bout d’un chemin perdu au milieu de nulle part, enjambe une rivière peu profonde. Cela créé une zone un peu humide d’autant que l’ensemble est dans un sous-bois. Quelques tables et bancs en pierre forme une aire de pique-nique, il y a même un foyer pour barbecue en pierre prêt à l’emploi, les branchages pour allumer le feu et les buches pour les braises semblent attendre l’amateur. Il y a autre chose de particulier sur ce pont… un marchand d’artisanat local s’est installé à l’entrée du pont et attend surement les pèlerins pour vendre ses objets et colifichets fait de sa main. Pas sur que son marketing soit gagnant à moins que ce ne soit la population visée car il ne semble pas faire d’affaire avec les pèlerins que je vois passer. A peine un intérêt poli mais pas plus.
Ma pause allant, je vois passer le couple de ce matin qui a dû s’arrêter entretemps, de même que l’Allemande à moins qu’elle ne se soit encore trompée de route… Et puis arrive Rémi, un pays qui est parti de Roscoff, rencontré en Cantabrie et que j’ai retrouvé hier. Il a couché à la belle étoile hier soir… Il fait le chemin en autonomie ou plutôt selon ses envies et les opportunités que lui présente le Camino. Il est avec Gilles, un gars de St Nazaire, qui fait le pèlerinage par séquence de deux semaines. Il en est à sa cinquième année et doit terminer cette année. On repart ensemble, laissant Rémi sur le pont discutant avec le marchand. On fait un bout de chemin ensemble, papotant tout en avançant. Après une bonne heure à bon rythme, on se décide à faire un petit crochet pour s’attabler à un troquet et boire un verre. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée car un couple de Croates nous y a précédé et un couple de jeunes Allemands arrive. Ces derniers, je les ai aperçus dans la troupe faisant la fête hier… il ne m’ont pas l’air très affectés par la courte nuit qu’ils ont passé. C’est beau d’avoir vingt ans !!
Gilles redémarre alors que je profite encore de quelques instants de repos à la terrasse du café. Puis je m’harnache le sac à dos sur le dos et redémarre à mon tour pour la fin du parcours. Passage devant un cimetière très bizarre où de mystérieux mausolées paraissent former un massif de pierre dépassant l’enceinte du cimetière. C’est très chargé !!
Le parcours alterne petites routes et chemins de terre puis se termine par l’entrée dans Abadin, terme de mon étape. Une longue remontée de la rue principale qui traverse la ville pour me mener au pied de mon hôtel. Je vais y passer deux jours puisque demain dimanche, c’est le moment de mon jour de repos. Je vais donc conclure en vous disant à lundi pour la dernière semaine avant l’arrivée sur le parvis de la cathédrale de Compostelle. J’ai hâte d’y être et en même temps, la nostalgie m’atteint en pensant que mon aventure va se terminer bientôt.
De parole de pèlerins endurcis, il parait que c’est normal. C’est un mal qui touche tous les pèlerins sur le Camino, à l’approche de Santiago. Et particulièrement ceux partis de très loin. C’est d’ailleurs en partie pour cela que beaucoup reviennent fréquemment regoutter à ce parfum merveilleux qui émane du chemin de Compostelle. Ai-je atteint le but de mon parcours, non pas le terme mais l’objectif que je m’étais fixé ? Et d’ailleurs, quel était-il ? Était-il aussi clair que je l’exprimais ? Me serais-je trompé de cible ? Dois-je regarder plus loin encore ? Autant de questions qui se bousculent et qui résonnent alors que le bout du chemin, lui, bien physique approche…
A lundi mes fidèles lecteurs, qui m’encouragez à parachever ce merveilleux voyage… Merci à vous tous !!
Je disais...wouah,chapeau Cricri, je me réjouis de te suivre sur ce chemin, mille bisous. Nanou
Je rejoins ton blog depuis LeGrandLemps,venus fêter les 30 ans de notre fille chez Mim et Michel ! Wouah,chapeau
Bonsoir Christian, le pèlerin confirmé , dont le Camino-blues s'installe doucement !
La nostalgie de Compostelle s'invite déjà alors que tu n'es pas parvenu au terme de ton voyage !
je te rappelle que nous n'avons pas vu les photos du large parvis de la cathédrale de Santiago de Compostela.
Pour l'instant profites de ces derniers jours, tu as fait un beau voyage et tu t'es vraiment dépassé encore BRAVO
Bon repos physique avant les festivités du 25 juillet gros gros bisous