Les affaires reprennent… Longue étape aujourd’hui, 28km à travers les montagnes Galiciennes. Le profil est, disons, intéressant ! Plusieurs montées et descentes avec une arrivée en altitude comme pour le tour de France. Comme on ne descend pas autant que l’on monte, on finit en altitude… enfin n’exagérons rien, nous ne sommes pas dans les alpes…
Cela étant, c’est une longue montée pour s’établir en hauteur et naviguer au travers de magnifiques et larges vallées verdoyantes. Encore un paysage différent de ce que j’ai vu jusqu’à présent. Décidément, l’Espagne est un magnifique pays. Elle possède déjà de superbes côtes et des plages ensoleillées qui font accourir tous les touristes d’Europe et du monde entier. Mais le reste du pays, pour le moins celui que j’ai traversé est superbe de variété et de richesses naturelles.
Mais avant de parler de l’étape, petit retour sur la nuit dans l’Albergue… Jusqu’à minuit, une fureur de musique et chants a droite et des palabres à n’en plus finir dans une langue que je n’ai pas réussi à déchiffrer tellement le bruit ambiant atténuait tout. Autant dire qu’à mon réveil vers 6h, je ne suis pas fait violence pour être discret, sans entrer dans une spirale de vengeance déplacée. Parce que ces loulous, ils suivent le même chemin que moi et je crains bien de devoir les supporter encore quelques étapes, si nous nous retrouvons dans les mêmes hébergements. Il y a plusieurs groupes distincts mais l’esprit du Camino a la faculté de fédérer, dans la bonne humeur et avec un peu d’alcool surement, les débordements de fêtes… Mais que vois-je ?? je suis attablé au bistrot de ma pension et sur le trottoir d’en face les voici, les voilà, ils attendent tous l’ouverture de l’Albergue qui bien sur est accolée à la pension, ce sont les mêmes gérants. Et ça commence déjà, musique à fond, cris et chants … et bière à gogo !! Ma nuit sera encore courte !
Alors l’étape… démarrage avant 7h, sans petit déjeuner. Je pense m’arrêter à Mondovedo à environ 8km pour me sustenter. Pas un bruit dans l’Albergue, à part le mien bien sûr… hé hé… Personne dans les rues de Laurenza. Je retrouve le chemin tout de suite, il passe devant l’Albergue. Assez vite, la première montée se présente et elle grimpe plutôt sec. Je me retrouve tout de suite sur les hauteurs de la ville et ça continue de grimper. En fait je fais un premier palier de 200m avant de redescendre gentiment presque tout ce que je viens de monter et d’enchaîner sur la seconde montée plus graduelle cette fois-ci. Cette petite mise en train me prend une bonne heure et demie et après une longue promenade sur un sentier bordé de murets en pierres sèches, je m’approche de Mondonedo.
Je rejoins la place de la cathédrale, majestueuse pour cette petite ville. J’aperçois un magasin de fruits et légumes, je m’y précipite pour acheter deux superbes brugnons bien frais qui vont compléter le bon petit déjeuner que je commande à la terrasse du café de la place. Pendant que je déguste ce petit repas, je suis rejoins pas plusieurs Pèlerins qui arrivent de manière éparse et s’attablent pour la même occupation que moi. Une bonne demi-heure plus tard, je suis le premier à repartir et je m’élance pour la troisième montée, en fait la poursuite de la montée précédente. Et là, elle va être longue, très longue la montée… cinq ou six km à grimper, c’est vraiment long. Et puis arrivé au col, à nouveau une descente, même pas de petit replat pour détendre les muscles… que nenni… En revanche, les paysages sont magnifiques, je me délecte de toute cette verdure, ces vallées, ces près ou paissent de belles vaches bien grasses. Rien à voir avec l’image de la mangeoire entourée de boue d’il y a 3 jours… Là, on sent les vaches épanouies, ça tintinnabule à tour de cou !!
J’ai croisé au détour d’une route, une pèlerine polonaise qui faisait une pause devant un cimetière… drôle d’endroit mais j’ai appris que parfois, on ne choisi pas et que l’on ne décide pas toujours l’exact moment où nos pieds nous demandent un arrêt. On a bavardé quelques instants. Elle a démarré il y a quelques jours de Luarca en faisant de petites étapes à son rythme. Je la laisse après ce bref échange. Nous nous recroiserons un peu plus tard alors que à mon tour, je faisais une pause.
Alors, je pensais en avoir fini avec les montées mais un rapide coup d’œil à Carlita et je me rends compte que je ne suis qu’à mi-hauteur… Je vois tout là-haut, perchées sur la ligne de crête (il paraît que c’est l’expression macronnienne du moment !!), d’immenses éoliennes et je me dis qu’il va falloir les atteindre surement. Eh bien en effet, pas tout à fait à côté mais sur la même crête. Pour monter tout là-haut, il a fallu que je pousse sur les jambes et sur les bâtons. J’y suis arrivé à tout petits pas… A partir de ce sommet, le chemin s’est un peu stabilisé, quelques petits faux plats sur les quelques km restant. Il y a bien eu cette dernière montée au moment de traverser la petite ville d’Abadin et de rejoindre la pension mais rien de bien méchant.
Je passe devant un dépôt de bouteille en verre… et je pense à ma filleule Cécile. Si l’opportunité se présente pour ta toute nouvelle société d’ouvrir une succursale en Espagne, j’ai un tuyau… bon pas sûr que ce soit un débouché faramineux vu le nombre de caisse entreposées mais qui sait… les petits ruisseaux …
J’arrive devant la pension et comme à l’habitude, je prends la chambre avant de me rafraichir et m’allonger pour reposer mes jambes. Pas bien longtemps car voilà les fêtards qui animent la rue principale du village depuis le café d’en face … Non ! Sérieux ! ils ont sorti une énorme enceinte sur la terrasse et ça y est, tout le monde danse !!!
les obstacles ne bloquent pas le chemin, ils sont le chemin.
même si ton chemin est compliqué, continue quand même.
même si tu te décourages, continue quand même.
même si tes forces diminuent, continue quand même, il y a une solution à tout.
GARDE ESPOIR et COURAGE pour tes dernières étapes BIG BISOUS on est tous derrière TOI