Etape 65: Gijon - Aviles
- Christian
- 7 juil. 2021
- 5 min de lecture
Pluie ! Ce matin, il pleut sur Gijon et je vais devoir partir sous la protection de Poncho. Je m’extrais du lit un peu fatigué, je serais bien resté terminer ma nuit. Bien calme d’ailleurs, dans cet hôtel. Surprenant car hier soir il y avait une demi-finale de l’Euro de football et l’Espagne jouait contre l’Italie… C’est aussi la raison pour laquelle je resterais bien encore dormir !
Enfin, l’Italie s’est qualifiée pour la finale, je n’ai donc pas entendu de cris de joie ni de bruits de liesse dans les rues de Gijon. La fin de soirée et la nuit ont été calmes. Donc ce matin je me fais violence et traine un peu à me préparer. Il faut dire que l’étape d’aujourd’hui est longue, 25km, et pas terriblement attractive vu le parcours. Mais j’ai appris à me laisser guider par les surprises du chemin.
Me voilà enfin prêt, ayant pris mon petit déjeuner et en bas de l’hôtel à initialiser le parcours sur mon téléphone. Carlita est de bonne humeur, moi un peu moins. Vivement l’arrivée que je fasse une bonne sieste. Direction Aviles… mais tout d’abord, il faut quitter Gijon. Et là, ce n’est pas le plus rapide. Parcours urbain puis péri-urbain c’est-à-dire en longeant des voies plus ou moins rapides mais surtout bien chargées du trafic matinal. Il ne me faut pas moins de 1h30 pour commencer à monter dans les collines avoisinantes et sortir enfin de la ville. Là, je dois dire que la perspective n’a rien à voir avec celle entrevue la veille en arrivant. Gijon de ce côté-ci n’est pas très joli… je n’aimerais pas vivre avec cette vue au pied de ma maison.
Autant dire que je ne m’attarde pas devant ce paysage, d’autant que la première côte de la journée m’appelle à grand cris. A vrai dire, il n’y a pas de grosse difficulté aujourd’hui. C’est une étape plutôt gentillette. Juste une première montée et sa descente lente puis une seconde mais presque pas accentuée et enfin un long tronçon à plat jusqu’à destination.
Une fois Gijon quitté, la montée avalée, je me trouve sur un plateau où je marche longuement à plat dans un décors de champs verdoyants et de sous-bois humides. Car comme indiqué au début de ce récit, il pleut ! Pas une grosse pluie mais suffisamment pour que Poncho soit bien utile. Ce n’est qu’après trois bonnes heures de marche que le ciel s’éclairci. A mesure que je m’approche de Aviles, le soleil reprend le dessus. Dès que je peux, je range le poncho et profite du soleil pour sécher le t-shirt trempé ainsi que le bas du pantalon.
Etant descendu du plateau, je traverse ensuite une longue plaine sur une petite route ou plutôt un chemin communal bordé de champs tous plus vert les uns que les autres. C’est très bucolique et particulièrement euphorisant de marcher dans cet environnement. Heureusement parce que depuis le début, je traine la jambe… Mais je gère, je tente plusieurs positions et guette la moindre montée qui me permet de plier le genou. Et puis pas un pèlerin pour compatir. Je vais devoir assumer tout seul…
Seconde petite montée, mais alors vraiment petite… je ne sais pas s’ils ont nivelé le terrain depuis le dernier tracé de Carlita mais je n’ai même pas senti que l’on montait. Tant mieux. Une étape facile de temps en temps c’est aussi appréciable.
J’arrive en proximité de l’autoroute car je n’entends plus Carlita lancer ses injonctions directionnelles. Je dois donc régulièrement jeter un œil sur le téléphone pour m’assurer que nous suivons toujours le bon chemin. Mais à vrai dire, la signalisation du chemin de Compostelle est parfaite. Il y toujours une petite flèche jaune ou une borne avec la coquille jaune sur fond bleu qui m’indique par où aller. Carlita me permet juste d’être distrait. Elle m’interpelle si je ne vais pas dans la bonne direction…
Je m’arrête près d’une église pour une pause. J’en profite pour avaler un abricot et manger trois gaufrettes. Me voilà reparti pour le dernier tronçon, à nouveau urbain puisque j’approche de Aviles et bien sûr, par le coté industrieux. Longue marche sur l’asphalte d’une grande zone industrielle. Mais quand je dis industrielle, ce sont vraiment des usines importantes que je longe. On sent que cette ville a un passé riche de cette activité. Mais pour la marche ce n’est pas le décor rêvé. On longe aussi une route importante, dans le bruit et la pollution. Allons, vite que l’on passe à autre chose. Cela prendra tout de même plus d’une heure avant que je ne rejoigne un chemin plus sympathique.
Entretemps, qu’elle n’est pas ma surprise, alors que je m’étais arrêté pour régler un problème technique sur mon téléphone, de voir passer le cycliste Belge entrevu hier en haut de ma première côte. Je l’interpelle, il se retourne et me rejoins sur le bas-côté, de l’autre côté de la route. On échange quelques minutes, je vois sur son porte bagage qu’il a récupéré le second sac que la compagnie aérienne qui l’a amené à Bilbao départ de son périple, ne lui avait pas délivré à l’arrivée de son avion. Il devait le récupérer hier à Gijon. On se dit « à bientôt », mais comme il fait 3 fois plus de km par jour que moi, il n’y a que peu de chance que l’on se revoit.
Sympathique le chemin d’après mais assez improbable… Il s’agit d’un sentier qui longe une petite rivière bordée de chaque côté par de majestueux arbres qui ombrent le parcours. C’est extrêmement plaisant, mais je n’ai pas quitté la zone industrielle pour autant. Le sentier et la rivière sont bordés par une palissade grillagée qui semble protéger… on ne sait pas trop quoi : les usines mitoyennes ou la rivière et son sentier… va savoir !
Ce sentier et cette rivière sont comme une trouée verte, écosystème dans son cocon au milieu d’un vaste complexe technico-chimico-mécanico-industriel… Toutefois, cette trouée verte, semble bien appréciée des autochtones qui sont nombreux à déambuler dans les deux sens, qui pour son jogging, qui pour la promenade du chien, qui pour une balade à bicyclette, ou simplement pour une petite sortie d’agrément. Cela donne un sentiment un peu étrange tant ces usines si proches sont oppressantes.
Je finis par rejoindre les abords du centre où se trouve mon hôtel. Je passe non loin du centre Niemeyer, du nom de l’architecte brésilien qui l’a créé. Sa forme de demi-sphère et sa tour-restaurant voisine lui donne un aspect très surprenant. Initialement créé pour porter l’image culturelle de la transformation post industrielle d'Aviles, il est dédié à toute forme de manifestations culturelles : la musique, le cinéma, le théâtre, la danse, les expositions ou encore les conférences sont sources d'une programmation pluridisciplinaire qui vise à toucher tous les publics.
Encore un coup de rein ou plutôt de cuisse, et me voilà arrivé à mon hôtel. En fait je l’ai loupé une première fois en passant devant. Il a fallu que j'interpelle trois charmantes dames "aubergines" qui m’ont gentiment montré l’entrée. Je prends ma chambre, fais viser mon Crédenciale et file sous la douche. Un peu de lessive aussi parce que le mérinos ne retient pas les odeurs… jusqu’à un certain point !!
Voilà pour cette étape, 65ième étape de mon parcours. Si je compte bien, il ne me reste plus que 16 étapes et 300 km avant l’arrivée à Compostelle… je vais commencer à compter à rebours…
Je vous souhaite une bonne lecture et vous dis à demain !
OUI mon doux coeur plus que 16 étapes pour arriver au bout du chemin, tu seras une autre personne : TOI
Aie confiance en toi et en tes capacités parfois cachées qui ne demandent qu'à se révéler au cours de ton parcours.
Très jolies photos et de grands encouragements pour ta route de demain. Doux bisous