Bon allez, courage, il faut y aller. Je sais tu serais bien resté au lit ce matin, tu n’es pas vraiment motivé pour te faire mal sur le chemin. Mais si tu es là dans cette chambre d’un village des Asturies c’’est que tu l’as cherché. C’est toi qui l’as voulu et maintenant tu hésites… Non ! Pas à quelques encablures de la majestueuse Cathédrale de Santiago !! Tu ne vas pas louper ce moment dont tu rêves depuis le début de ton aventure. Lève-toi et marches … C’est pas moi qui l’ai dit le premier… Mais c’est le moment de vérifier si ça marche vraiment…
Donc à vrai dire peu motivé, mais il faut se faire une raison, soit je continue, soit j’arrête, je n’ai pas quantité d’options. Peu motivé donc, mais décidé à avancer quoi qu’il m’en coute… j’aime assez cette expression lourde de sens dans le contexte sanitaire que nous subissons actuellement. Je me lève tôt, pas de petit déjeuner, je ne me suis pas bien organisé mais à vrai dire, un dimanche, ce n’est pas simple non plus.
Le sac fermé, les réserves d’eau remplies, je referme la porte de la pension et me lance avec un peu d’élan pour activer ma jambe sur la petite côte qui me ramène au chemin pour ce début d’étape. La sortie de Colunga est assez vite atteinte, c’est un village de moyenne taille. Et me voilà sur des petites routes de campagne qui grimpent dans la montagne.
La météo est humide ce matin, brumes et brouillards inonde le paysage et à mesure que je monte, je flotte dans une mer laiteuse et très humide, à tel point qu’il me faut enfiler le poncho pour ne pas être plus mouillé. Enfin, moins d’une heure après, le résultat est discutable… comme d’habitude : trempé dehors, trempé dedans !
Passé la première difficulté de la matinée, une colline dans les nuages puis la descente sur l’autre versant dans les mêmes conditions météorologiques, je me prépare pour la seconde ascension. Encore plus haut… là-haut, je découvre une église et une Albergue juste à côté. Comme je n’ai pas déjeuner ce matin, je tente ma chance et entre quémander un petit café et quelque chose à manger. La réponse est confuse, je comprends que la machine à café est à ma disposition moyennant un euro mais que pour manger, pas de pain ni de fruit disponible… Tant pis, je prends un café, vais m’installer dehors sur une table et sors le restant de gaufrettes que j’ai acheté il y a 3 jours. Ce n’est pas le petit-déjeuner que j’espérais mais ça me remplira l’estomac jusqu’à midi.
J’étais en pleine dégustation quand je vois sortir de l’albergue, Rémi le jeune Français que j’avais croisé à l’albergue d’Onton, chez Maria. Celui qui arrivait du Finistère, le breton, pas le galicien !! On se reconnait, on se demande de nos nouvelles, il est toujours avec la jeune fille croisée elle aussi chez Maria et maintenant, ils sont un groupe de cinq, international puisqu’outre une autre jeune française, j’ai noté un hollandais et une Espagnole avec eux. Ils ont passé la nuit dans l’albergue et s’apprêtent à démarrer la journée. Enfin ça à l’air compliqué de mettre tout le monde en route en même temps. Il y a des retardataires… Après plus d’une demi-heure et deux cafés plus tard, je me relance en douceur. Les redémarrages sont de plus en plus difficiles mais j’arrive à gérer. Il faut un petit warm-up à vide à chaque fois avant de charger le sac sur la mule et faire le premier pas !!
Les avoir revus m’a donné un coup de fouet et mon moral est remonté en flèche. Comme quoi, le chemin c’est aussi beaucoup de rencontres entre pèlerins. Comme une communauté dont les membres se croisent et se recroisent et se soutiennent par le simple fait d’être sur le chemin, indifféremment de l’âge, l’origine, la couleur ou je ne sais quelle distinction imaginable. Un pèlerin est avant tout un pèlerin pour les autres pèlerins et même parfois pour ceux, non pèlerins, qui les croisent.
Je repars donc plus guilleret et ce d’autant plus que maintenant le chemin semble avoir entendu ma supplique et aborde des environnements plus « nature ». Je retrouve des chemins creux, de terre, de cailloux ou d’herbe. Un peu après le départ de l’albergue, je marche dans une cathédrale de verdure où les grands arbres forment une protection naturelle comme des arches de verdures laissant tout de même filtrer la lumière et le soleil qui à mesure que je descends dans la vallée, pousse les nuages ailleurs. C’est magique. Une longue descente dans ce décor me réconcilie définitivement avec la partie Asturienne du Camino del norte.
Je me fais dépasser par plusieurs pèlerins seuls et en groupe. A mesure que l’on se rapproche de Compostelle, la population pèlerine semble se densifier. Mes coreligionnaires entrevus à l’albergue marchent en ordre dispersé, chacun à son allure. Je me fais doubler par le Hollandais, puis par l’Espagnole, puis une des deux françaises et enfin assez longtemps après par Rémi et la seconde Française. Eux vont nonchalamment en devisant sans trop se préoccuper de l’allure des autres. Ils doivent se retrouver dans une albergue pas très loin après mon terme d’étape.
Je fais une dernière pause car le soleil est maintenant un peu plus agressif et j’ai besoin de me désaltérer abondamment vu la transpiration que je dégage. Je repars prudemment pour le dernier tronçon qui m’amène à l’entrée de Villaviciosa. Longue ligne droite dans une rue pour atteindre le centre-ville. Je recroise Rémi en lutte avec un distributeur de billets, lui lance un « buen camino et à plus tard » avant d’obliquer vers la rue où se trouve ma pension.
Me voici arrivé. Je prends ma chambre et après une bonne douche fraiche, m’attaque à la rédaction de ce résumé.
Je vous souhaite une bonne lecture et vous dis… peut-être à demain !
Je prends des précautions tant il m’est de plus en plus difficile de terminer les étapes. Mais comme je le dis en introduction, ce serait bien trop rageant de ne pas aller au bout, fusse en rampant !!
Mais oui mon doux coeur tu vas y arriver au tombeau de l'apôtre saint Jacques le Majeur, courage. Tu es le meilleur
quoi qu'il arrive ... mais n'oublie pas que la perfection n'est pas de ce monde... courre rage ah ah !! Certains pèlerins se servaient de leurs coquilles pour protéger leurs genoux pour effectuer les derniers centaines de mètres pour DÉCOUVRIR ce grand lieu de la Chrétienté. Cela peut te donner une idée pour terminer sur les rotules . Mais danse avec tes chaussures de randonnée cela pourrait devenir tendance. Gros bisous et à demain
aller Bonne marche" GGP""😘
Peter
Pas le moment de craquer, Christian, tu touches au but ! Dit celle qui est confortablement assise dans son fauteuil devant son ordinateur ;=) J'imagine qu'en effet les rencontres avec les autres pèlerins créent une émulation dont chacun a bien besoin si près du but... Bon courage ! Bises depuis le Pays de Lauzun