Excellente nuit de repos dans cet hôtel perdu tout au bout du village de Islares. Tout en longueur avec une cafétéria et un restaurant. Je n’ai pas eu besoin de sortir pour m’alimenter, très pratique par ce temps pluvieux. La nombreuse clientèle semble être professionnelle. J’ai adoré hier après-midi, alors que le déjeuner est annoncé pour midi, le restaurant fait son ouverture à l’heure pile et une file de personne en attente de se sustenter, dont moi, se précipite dans la salle pour s’installer… Il semble particulièrement couru ce restaurant. Qui plus est, pour pas bien cher, j’ai fait un repas copieux ce qui m’a permis de manger très léger le soir dans ma chambre. Le diner n’étant servi qu’à 21h, je m’en suis passé.
En plus de bien dormir, j’ai pu rincer mes habits de la veille et les faire sécher. A l’auberge, il faisait trop humide. Il était temps, surtout pour les chaussettes… si vous humez ce que je veux dire…
Ce matin, réveil à l’heure habituelle et rituel du lever : douche, habillage, package du sac. Je descends prendre un petit déjeuner avant de remonter me chausser et vider les lieux.
L’étape d’aujourd’hui ne semble pas bien compliqué. Ce qui va la compliquer c’est la douleur persistante que je ressens au-dessus du genou. Même après un échauffement préalable et une bonne heure de marche, elle est toujours présente et provoque parfois des « faiblesses » de la jambe lorsque je suis en appui dessus. C’est largement supportable mais je me dis que si c’est un ligament ou un tendon, ça ne se résorbera pas en marchant… Je vais donc devoir supporter ce problème jusqu’à l’arrivée ou m’arrêter plusieurs jours. Cette dernière option n’est pas encore à l’étude mais en fonction de l’évolution de la douleur, je devrais peut-être la considérer. J’essaies, néanmoins, de ne pas compenser par des gestes qui pourraient provoquer d’autres désordres musculaires et ralenti le pas même dans les parties plates où d’ordinaire je suis plus entrain.
Me voilà donc parti sur la route qui passe devant l’hôtel et avance pendant plus d’une heure et demie, avant de m’enfoncer dans une vallée par un petit sentier caillouteux. Puis je reviens dans une petite localité : Magdalena, du nom de la rivière qui la traverse. Je me dirige vers la vraie seule difficulté de la journée, un monticule de 300m de haut à sauter. Le sentier que j’emprunte est assez particulier, mélange de terre mais aussi de ce qui me parait être du sable, ce qui est surprenant, nous sommes assez éloignés de la mer. Surement une forme de sédiment s’en rapprochant. La végétation est majoritairement composée d’Eucalyptus certain avec des reflets bleutés qui donne à cette nature une tonalité très spéciale.
La montée est assez fastidieuse peut-être est-ce la douleur lancinante qui me taraude… néanmoins, à petits pas, j’arrive au sommet, non sans m’être inquiété de la direction à prendre plusieurs fois car Carlita a décidé de faire cavalière seule et de ne pas suivre le vrai chemin de Compostelle, celui qui est fléché. Et comme elle a ses humeurs et qu’elle ne ma parle pas toujours, je suis souvent contraint de vérifier que je suis dans la bonne direction à défaut d’être sur le bon chemin… Autant dire que je ne rencontre personne dans ce secteur, sauf des paysans au travail et deux promeneurs locaux.
Arrivé en haut, je fais une petite pause casse-croute et termine quelques restes de mon petit-déjeuner, emportés ce matin pour l’occasion. Une bonne rasade d’eau pour éponger la soif et hydrater la machine. J’admire l’Ermitage posé dans cette prairie de montagne. C’est d’un calme… je m’éternise…
Je n’ai pas fait le point météo en démarrant ce récit. La journée s’annonçait pluvieuse et bien non. Le soleil a fait sa réapparition. Oh pas tout de suite, quelques nuages teigneux ont tenté de l’en dissuader mais avec forte ténacité, il a réussi à s’imposer. Donc ce matin, il faisait plutôt frais et j’aurais bien supporté un petit sweet mais j’économise. J’en ai retourné un lorsque Lisou est venu me voir, je garde donc le seul me restant pour la fin de journée quand le frisson de la fatigue me prends et qu’il me faut me couvrir pour ne pas claquer des dents… et même là, je claque des dents… mais cela ne dure pas très longtemps, juste une bonne demi-heure, le temps que je reprenne quelques force et un bon café. Donc, grand retour du soleil et je dois avouer que c’est très plaisant. J’ai dit hier que le temps maussade pouvait être magnifique, mais j’avoue humblement que j’ai une préférence pour les ambiances ensoleillées… mais pas trop… plus propice à la marche.
La descente reprend par le même chemin terre+machin… truffé d’ornières où l’eau de la pluie des jours précédents stagne et m’obligent à un gymkhana acrobatique. Le sentier fait place à un chemin caillouteux tout aussi troué, puis assez vite à une route bétonnée puis à de l’asphalte… On s’approche d’une zone urbaine. En effet, je passe Llendo et rejoins une route principale assez roulante. Cette longue montée puis cette descente sur cette route n’ayant aucun attrait, je soutiens l’allure pour changer de décor au plus vite. C’est à ce moment que j’aperçois loin devant moi la seule compagnonne de route de la journée. Je finirais par la rejoindre à l’entrée de Laredo. Elle est espagnole, donc elle grandira… oui je sais, c’est facile, je me répète… En chemin vers Compostelle aussi. On échange quelques mots, elle veut aller un peu plus loin vu l’heure peu avancée mais redoute de ne pas trouver d’Albergue ouverte. Il est vrai qu’avec le Covid, un certain nombre sont fermées. Ca complique beaucoup l’organisation pour les jeunes qui fréquentent majoritairement ces hébergements.
Puis je repars pour un dernier tronçon à destination de ma pension. Une promenade sur les hauteurs de Laredo donnant une vue superbe sur toute la baie et sa magnifique plage. J’atterri à la pension et file prendre une bonne douche avant de me mettre à ce récit.
Cinquante-troisième étape de mon parcours, mes tribulations continuent !
Bonne lecture à vous et à demain, si mon genou le veut bien !!
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