Cinquante ! Ca sonne rond ! Cinquantième étape de mon parcours vers la légèreté. La tête se vide, le corps aussi un peu du moins c'est ce que je ressens mais toujours pas de pesée ... je ne sais donc pas et garde la surprise pour l'arrivée à Compostelle.
Cette étape est aussi celle du passage dans la capitale de la Biscaye, Bilbao. Grande ville peuplée d'églises mais abritant aussi un grand musée d'art Guggenheim dont l'architecture très avant-gardiste est somptueux. Je n'ai pas eu le courage de faire un détour significatif pour l'admirer mais je ne pouvais parler de Bilbao sans le mentionner et l'illustrer.
Le démarrage depuis la pension de Lezama s'est fait aux aurores. Lever 6h, petit déjeuner préparé la veille par ma logeuse et pris dans la chambre pour ne pas réveiller les voisins. Encore que j'ai entendu d'autres pèlerins partir avant moi... Je prends la route vers 7h, en commençant par rejoindre le chemin qui passe à quelques centaines de mètres de la pension. Ensuite, un long tronçon de plusieurs km longeant la route principale menant à Bilbao. Les trottoirs, c'est pratiques mais c'est assez lassant. Heureusement après être entré dans le village suivant à environ 3km de Lezama, je bifurque vers la gauche et me dirige vers LA difficulté de la journée, une montée de trois cent mètres assez abrupte.
Cela commence par une rue qui dessert des usines massives implantées dans ce village. Puis la rue devient une petite route goudronnée qui se transforme en chemin bétonné et enfin, après avoir traversé un pont enjambant une quatre-voies, je m'engage sur un sentier de terre et de cailloux. La pente est au démarrage plutôt douce mais assez vite, elle devient plus prononcée jusqu'à être bien raide par moments. La distance pour atteindre le sommet n'est pas très importante aussi, je me dis que l'effort sera limité. Alors, je m'entends répéter les conseils de mon ami Pablo: "des petits pas..." et je me mets aux petits pas. Eh ben ça alors ! ça marche ... je ne force pas et j'avance quand même, mieux encore, je monte en même temps que j'avance, incroyable et sans que cela ne me coute une dépense d'énergie surhumaine, sans que j'ai l'impression de peiner. Je monte, je monte, ça me donne un regain d'énergie positive incroyable... je suis boosté ! et ici pas de substance douteuse, ce n'est pas le café de ce matin qui aurait pu être aromatisé avec je ne sais quelle plante afghane ou libanaise, non, non, juste des petits pas. Quelle découverte !
Alors dans un temps très raisonnable, sans que cela ne me coûte trop de sueur, j'arrive au premier palier à 200m, un petit replat pour prendre quelques photos et souffler et ça repart pour une seconde montée jusqu'au sommet.
C'est assez soudain parce que je bascule alors sur l'autre versant de la colline qui me fais découvrir la vallée où est nichée Bilbao. Cette vue surplombant la ville est superbe. Comme il y a une aire de pique-nique avec des tables et des bancs, j'en profite pour faire une pause. Il faut dire que cela fait déjà deux heures que je marche et j'ai plutôt pas mal avancé. Donc je m'installe, je pose le sac, sort eux petits gâteaux préservés du petit déjeuner et me sustente un petit peu avant la descente.
Il y a là un autre randonneur ou pèlerin, je ne sais pas qualifier, qui, lui, a pris la position allongée sur un banc et pique un roupillon quelque peu bruyant... Je me suis fait discret et me suis installé trois tables plus loin pour ne pas le gêner. Je profite de la vue en dégustant mes gâteaux et avant de reprendre le chemin qui est redevenu bétonné. Il est assez raide, aussi pour préserver mes genoux, je descends là aussi à petits pas. Mon pèlerin dormeur, entretemps réveillé, me dépasse d'un bon pas mais je ne me désuni pas et poursuis à mon allure en faisant même quelques haltes pour soulager les tendons de mes jambes. Ce chemin débouche sur un parc à l'entrée de Bilbao et en quelques enjambées, je me retrouve dans une rue de la ville haute. Oui, nous sommes encore assez haut et la descente s'éternise dans des rues où chaussées et escaliers se succèdent pour me mener jusqu'aux premières églises et monuments.
Je suis les symboles jacquaires qui me dirigent d'église en église ... et il y en a un certain nombre dans cette ville. Heureusement mais bizarrement tout de même, elles ont l'air d'être à peu près alignées ce qui m'évite de zigzaguer dans les ruelles. Les monuments anciens sont vraiment en mauvais état, la pierre s'effrite et les fresques commencent à se détériorer sérieusement. La quantité ne doit pas aider à leur conservation tant cela doit représenter un budget significatif pour cette ville.
Une fois dépassé le centre de Bilbao, le reste du chemin est juste une déambulation rectiligne pour rejoindre ma pension de la nuit. Rien de passionnant, une rue principale, puis une autre rue principale dans la continuité, ... jusqu'à Barakaldo en périphérie de Bilbao. J'ai choisi cet endroit pour passer la nuit car cela me permettait de raccourcir l'étape de demain qui est déjà assez longue. Espérons que je ne ferais pas trop de trajet en milieu urbain, ce n'est pas très agréable.
Voilà donc pour ce jour de reprise après mon repos dominical. Demain, je quitte le Pays Basque pour entrer en Cantabrie. Il parait que le terrain y est moins accidenté... Je vous dirais cela demain...
Bonne lecture à vous et à demain !
Bravo pour ce 50 ieme jour de voyage !
Dommage que tu n’aies pas pris de, temps pour visiter le musée Guggenheim, j’avais bien apprécié , c’ un bâtiment remarquable.
mes pensées continuent à t´accompagner. où seras-tu pour les 1000 km? bisous
Mim’
Bravo Christian !
Toujours fidèle au poste pour affronter les pentes du nord de l'Espagne. Etape numéro 50 aujourd'hui, ce n'est pas rien! surtout quand on se remémore ton départ ... tout début Mai!!
Courage à toi. Continue à nous faire partager tous ces aventures sur le chemin de St Jacques
Daniel