Je redoute cette troisième étape espagnole, surtout après les deux premières, … bon ça va, tu l’as déjà fait hier… A vrai dire, l’étape d’aujourd’hui est plus courte que les deux précédentes. En termes de dénivelé, elle semble moins difficile. Non, le souci ce matin au départ, c’est la météo. J’ai entendu la pluie cette nuit et même quelques roulements qui me semblait être le tonnerre mais je n’en suis pas bien sûr. Cela dit, la rue est mouillée.
Réveil à 6h. Ce matin, je me fais un petit déjeuner avant de partir. Le café est froid, je n’ai pas d’eau chaude au robinet. Va pour les douches froides mais le café froid ce n’est pas fameux. J’avale un yaourt, quelques cerises et des gâteaux que je trempe dans mon café froid… un grand verre d’eau et ma voilà calé pour la matinée.
Le chemin commence au bout de la rue, en face de l’église dont j’aperçois les grosses cloches que j’ai entendu la veille au soir. Heureusement, elles n’ont pas sonné très longtemps. Y a quand même un semblant de compassion pour le pèlerin épuisé…
Immédiatement, le chemin s’engage sur la route en corniche qui relie Zarautz à Guetaria. Le temps est menaçant. Quelques gouttes tombent et je me dis que je vais avoir droit de sortir le poncho mais je résiste à l’envie et me mets le galure sur la tête afin de protéger les lunettes. Je croise une quantité de personnes assez surprenante à cette heure, des joggeurs pour la plupart, mais aussi des promeneurs et même des gens qui semblent se rendre au travail à pied. Cette corniche est superbe et avec ce ciel gris, les rayons du soleil qui tente de les percer est un régal pour les yeux.
Je marche de bon train, hé hé, on est sur du plat et le terrain est dur, ça colle bien avec ma moyenne… J’arrive à Guétaria et j’ai une pensée pour Jean-luc de la Maison des Apôtres à Capbreton, qui m’en a fait une description dithyrambique, en ayant gradé un souvenir mémorable lors d’un passage ancien. Je ne pouvais manquer de prendre quelques photos de cet endroit.
Alors pour tout dire, j’ai changé de parcours à la dernière minute, hier soir car le guide papier du Camino del Norte que j’ai, indiquait une route différente de celle de mon outil de randonnées. En fait il existe deux options pour cette étape et en y regardant bien, elles se valent en distance et dénivelé mais celle passant par la corniche et par Guétaria me paraissait plus agréable. Je ne pourrais malheureusement pas comparer par moi-même…
J’ai déchanté très vite quand j’ai vu la montée au-dessus de Guétari. Très beau la vue d’en haut, il faut la mériter ! Une fois là-haut, un petit replat. Je découvre des panneaux d’interdiction assez improbables mais somme toute assez explicite. Je traverse des vignes qui me paraissent très hautes. Jean-Luc m’en avait parlé d’ailleurs. Ce doit être pratique pour la récolte, pas besoin de se baisser pour couper les grappes.
Premier stop en haut d’une côte, à l’abri d’une église sortie de nulle part. Je me repose quelques instants sur un banc avant de repartir de plus belle. Très belle vue sur la mer. Mais là commence le jeu de montagnes russes, je redescends au niveau de la mer pour rejoindre la petite ville de Zumaia. Au passage, je me fais une fausse joie, je vois un panneau « Santiago » et me dit, déjà ! Chic, je vais pouvoir rentrer… fake news, une dame m’ayant apostrophé en voyant mon air de pèlerin de Compostelle, m’explique que c’est en fait le nom de la plage locale. Tant pis pour moi, j’en suis réduit à accepter mon sort. Allez, il ne reste que 36 étapes…
Alors, évidemment, du niveau de la mer, le chemin nous emmène dans les étoiles et nous fait remonter directement en pente raide. Tout d’abord dans les rues pavées de la ville puis par un escalier interminable qui mène à une petite église qui surplombe les toits. Plus je monte plus la perspective est belle et le paysage devient campagnard. J’arrive à ce que je crois être le sommet de la journée… en haut d’un col, je débouche sur un parking avec une aire de pique-nique bien aménagée. Je pose là pendant un moment d’autant qu’il y a une fontaine pour remplir ma gourde. Il faut dire que depuis Guétaria, le mauvais temps a laissé la place à un beau soleil… qui chauffe et me fais transpirer allègrement. Je dois donc faire le plein pour la suite du parcours. Il est à peine 11h donc un peu tôt pour la pause déjeuner, pourtant le coin s’y prête bien. Tant pis, je trouverais bien plus loin.
Je redémarre et bien ça grimpe toujours… Le sommet arrive enfin et je débute une descente qui m’amène à l’Ermitage San Sebastien. Et là tout a capoté… J’ai croisé deux français en vacances dans le coin, qui venaient de garer leur voiture et qui s’apprêtaient à faire une petite balade. On discute du chemin et je leur montre le panneau Jacquaire qui indique la route. Là-dessus, ma copine espagnole arrive. Elle a pris l’autre chemin, c’est pourquoi elle ne m’a pas dépassé. Du coup les Français s’en vont et je m’en vais dans la direction du panneau avec ma copine espagnole… On papote, elle me dit qu’elle compte s’arrêter aujourd’hui pour rentrer chez elle. Elle m’inquiète au sujet de la météo mais aussi de l’étape de demain… Bon, je la laisse partir devant, elle va meilleur train que moi. Je la retrouve un peu plus loin avec le couple d’espagnol qui donnait à manger aux ânes un peu avant. Elle leur fait une photo alors qu’ils se sont installés dans un … toboggan.
Je ne m’arrête pas et je poursuis. J’arrive à une route plus importante et je m’attends à tourner à droite quand je vois des signaux du chemin en face, de l’autre coté de la route… Je sors mon GPS et là !! Horreur !!! Je me rends compte que je suis complètement en dehors de sa route et depuis le haut de la descente… Pas question de remonter. J’attends donc ma copine et le couple d’espagnol pour leur demander ce qui m’attend sur cette nouvelle route. Ils arrivent et me montre leur outil de navigation, les cartes et les guides. En baragouinant espagno-anglo-français, je fini par me rendre compte que ce ne sera pas plus long ni difficile que le chemin de Carlita (le GPS) et je décide, mais ai-je le choix, de les suivre.
Alors comme nous avons dévalé une descente à l’instant, nous allons monter, monter, et encore monter… pas plus dur, je n’en sais rien, je ne pourrais pas vérifier ! Mais j’en ai les cuisses en feu tellement ça monte ! Y a intérêt que ça brule les graisses tout ça !
Cette montée débouche par un tout petit sentier sur une route goudronnée juste à côté d’un grand rond-point, croisement de plusieurs routes dont celle allant vers Deba. Mais que nenni, il faut encore monter a Itziar. Trop pour moi, je décide de m’arrêter pour casser une petite croute et reposer mes jambes. L’endroit n’est pas des plus adapté mais tant pis, quand c’est l’heure, c’est l’heure.
Bon, c’est pas tout, il faut bien la monter cette côte. Mais c’est qu’il faut aller au-dessus de Itziar, passer devant le cimetière et poursuivre sur une route bétonnée. Là encore bien parti dans la descente, je loupe une direction du chemin et me retrouve par hasard dans un accueil de pèlerin à la ferme, une auberge rurale. La dame m’explique tant bien que mal en espagnol que je me suis trompé mais que j’ai de la chance, il existe un chemin qui mène à Deba. Je remercie grandement et en profite pour boire un verre à l’auberge. Là-dessus, le couple d’espagnol arrive. Ils dorment là !! Improbable tout ça… on papote un peu et je les quitte en leur disant peut-être à demain, si le temps le permet.
Vingt minutes plus tard, après une autre descente interminable sur un petit chemin creux bien abimé, je débouche dans une rue de Deba. Encore 10 minutes et je suis rendu à mon hébergement de la nuit.
Après bien des tribulations, me voici rendu, vidé et avec un bon mal aux cuisses…de plus que prévu, je ne m’en tire pas trop mal…
En attendant demain matin pour savoir comment va se dérouler la journée, je vous souhaite une bonne lecture à tous.
Une étape de plus à ton palmarès 👌
une belle ✍️ et de très belles photos avec des nouveautés animales ... bon courage pour demain ❤️ et plein de bisous 😘
Félicitations pour tout ce chemin parcouru, les efforts qui doivent s'enchainer sans cesse , même avec des détours ... On dit que tous les chemins mènent à Rome, en l'occurrence, tous les chemins mènent à St Jacques et à l'arrivée de chaque étape tu t'en rapproches. Encore bravo pour ton parcours et courage pour la prochaine étape.