La nuit a été agitée… plusieurs réveils, mal aux jambes, les cuisses surtout. Attention à certains mouvements d’appui, la crampe arrive tout de suite. Je masse, me rendors, me réveille encore, et voilà 6h qui sonne… étirements matinaux avant de se lever pour une bonne douche froide, histoire de se mettre la tête à l’endroit.
Carine m’a tout laissé pour le petit déjeuner, aussi, je me prépare un café et deux belles tartines beurre et confiture. Il restait du dessert d’hier, une compote d’orange. C’est original, je n’en avais jamais mangé et bien moi qui ne suis pas un fanatique des oranges, j’ai trouvé cela délicieux. Et donc j’en ai repris ce matin pour agrémenter le petit déjeuner.
Je fais mon paquetage, enfile mes chaussures, vérifie dans la chambre, le salon, la cuisine, la salle de bain, même les WC, on ne sait jamais… que je n’oublie rien et hop… je sors voir si ma logeuse est réveillée dans sa maison juste à coté dans le jardin. Le jardin est luxuriant, un heureux mélange de fleurs, de plantes, de légumes, de poules, tout ce petit monde vivant très harmonieusement.
Carine est bien réveillée. Elle m’accompagne jusqu’au portail et me donne ses dernières indications pour rejoindre le chemin de Compostelle que j’ai dû quitter pour rejoindre sa maison.
Le ciel est menaçant, couvert et la couleur des nuages n’est pas engageante. Je me prépare psychologiquement à revêtir le poncho orange fluo… Néanmoins, je pars en t-shirt, il sera bien temps de se couvrir quand la pluie commencera. Et bien ça ne tarde pas. A peine 500m, me voilà sur la place de l’église et les premières gouttes tombent. Vite, je dépose le sac, extrait le poncho et l’enfile après avoir sorti la casquette à visière rigide que Morgane m’a gentiment prêté. Je la range dans la poche de mon pantalon avec mon mobile.
Erreur !! J’avance avec le poncho mais tête découverte, la pluie n’est pas vraiment décidée à tomber dru, je peux donc marcher sans la cagoule pour le moment. Je traverse une rue, tourne à gauche, avance de 300m et … je palpe ma poche droite… plus de casquette !! Et zut… Demi-tour, je reviens sur mes pas pour en effet récupérer la casquette tombée par terre lorsque j’ai sorti mon téléphone pour vérifier les indications de GPS. Bon ce ne sont que 300m fois 2 mais faudrait pas que je refasse le coup d’avant-hier… L’étape annonce tout de même 23km…
Carine m’avait prévenu que je ne trouverais rien sur le chemin pour manger. Il me fallait donc trouver un commerce ouvert avant de partir. J’avise un petit carrefour express déjà ouvert à 7h30. Je prends de quoi manger ce midi et ce soir car je vais me retrouver dans un refuge paroissial sans diner concocté par un hôte ou une hôtesse. En pèlerin avisé (c’est le début de l’expérience …) j’achète une bouteille d’eau en prévision du long trajet. Tout cela fait donc quelques kilos en plus sur le dos… Ca commence à peser sur les jambes.
Ah l’étape… parlons-en ! En discutant hier soir avec Carine, je me suis préparé à de longues lignes droites, presque aussi longues que lors de l’étape de Montalivet. Mais là ce ne sont pas DES droites mais UNE droite que j’ai dû supporter !! sur les 23 km, cette droite fait à elle seule 11,5 k !! Et même plus si on ajoute les 3,5 km rectilignes juste après une toute petite inflexion sur la gauche… On atteint les 15km ! Je crois bien que je me suis endormi entre le 8ème et le 9ème kilomètre. Le bruit des avions de chasse décollant et atterrissant de la base militaire que je longeais m’ayant sorti de mes rêves… J’ai pris une photo au départ de la droite et une à l’arrivée… c’est bien simple, on ne voit pas la différence…
Autant dire que je me suis passablement ennuyé. Encore que par moment, j’ai du pester contre l’état du sentier sableux, largement pratiqué par des 4x4 creusant de larges ornières bien gênantes en particulier pour les risques que cela induit sur la torsion de cheville… Bon, finalement cela m’a fait accélérer et je suis arrivé à moins d’une heure trente du terme de l’étape vers 10h45. Je suis toujours en lisière de la réserve militaire avec forte palissage grillagée et moults avertissement sur le fait qu’il ne faut pas entrer ni même faire des photos. Vous ne verrez donc pas de photos de l’atterrissage en duo des jets qui se sont posés là sous mes yeux… Quel vacarme !
Donc, là, je pose mon sac, étale la nappe écossaise de Véro. Au passage, c’est une vraie belle trouvaille que cette nappe. Bien résistante coté sol et douce coté « je m’assoies dessus ». J’enlève mon t-shirt qui est complètement trempé, non pas par la pluie mais par ma sueur. Je l’étale sur un bosquet d’arbustes pour le faire sécher et reste torse nu. Je retire les chaussures et les chaussettes et me voilà prêt pour la pause.
Je m’attendais à voir débarquer une estafette de militaires pour me questionner sur ma présence et mon stationnement juste en face de l’aérodrome des jets, mais non, ils ont surement mieux à faire et je ne dois pas représenter un danger quelconque à leurs yeux de lynx… Je me fais des plans parfois…
Il est tout de même un peu tôt pour manger alors je prends la position allongée et entame une petite sieste, les pieds bien relevés en appui sur le sac à dos. C’est la position idéale pour un repos optimal.
Une petite demi-heure passée, je prépare mon déjeuner frugal. Un reste de baguette et de fromage de chèvre excellent acheté la veille en partant de Audenge. Deux petites pommes que Carine m’a données ce matin et voilà. La bouteille d’eau de ce matin y est passée, il me reste donc ma gourde pour les deux de marche restante. Ça devrait aller.
Je reprends la position allongée pour une autre petite demi-heure et il n’est pas encore midi lorsque je me remets en marche. Toujours flirtant avec le terrain militaire, je finis par l’abandonner pour entrer dans une zone où le chemin devient beaucoup plus sableux. Et là, je peste. Et le poids du sac n’est pas pour m’arranger. Le pied glisse sur le tas de sable, le corps s’enfonce, le sac aussi, et tout retombe sur la cuisse… Heureusement que j’ai des bâtons pour soulager ces efforts supplémentaires. Ah non, décidemment, j’abhorre le sentier de sable mou…
Enfin, j’aperçois les premières maisons du hameau de Langeot situé juste avant Sanguinet. Je retrouve enfin un sol plus dur. J’approche du lac que je longe pendant deux kilomètres avant de rentrer dans la ville et de me diriger vers l’Office du Tourisme où je dois prendre les clés du refuge des pèlerins. Fermé… ouvert à 14h, bon 10 minutes à attendre. Mon appréhension c’est de m’entendre dire que le refuge est à plusieurs kilomètres… mais non heureusement, il est juste à coté de l’église qui n’est qu’à 100m. Je souffle.
Je vais donc prendre mes quartiers pour la nuit. Je serais seul. Le bâtiment ressemble à une salle paroissiale, coupée en deux par une cloison amovible en Z, et la douche et les WC dehors sur le palier, pour le coup, là, c’est vraiment dehors… Enfin ce sont deux locaux fermés mais à l’extérieur de la salle où je dors. Original. J’aurais testé.
Voilà, le résumé de la journée. Ce soir, repas sur place, coucher comme d’habitude, tôt. Terminé le chemin d’Aquitaine, demain j’entame le chemin des Landes, en espérant qu’il n’y aura pas autant de sable mou…
Bonne soirée à tous et bonne lecture.
A demain…
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