Ce matin, je me réveille, pas très motivé. C’est la première fois que ça m’arrive. L’étape y est surement pour quelque chose. Très ressemblante à celle d’hier, beaucoup de sable et pas trop d’ombrage pour se protéger de la chaleur. Elle n’est pas très longue 18,5km et je viens de remarquer que mon hébergement de ce soir est à trois km avant le terme de l’étape. Ce qui fait que ce sera une petite étape pas très motivante et très ensablée. J’ai failli hésiter à prendre la piste cyclable toute droite jusqu’au bout mais comme l’hébergement est sur le chemin pédestre, je choisi de rester nominal.
Donc petit déjeuner pas très matinal, à 8h. Un bon petit déjeuner copieux mais sans plus. Et me voilà lancé sur les pistes de sable. Fort heureusement contrairement à ce que j’avais cru apercevoir sur mon application mobile de randonnées, je marche sous le couvert de la forêt de grands pins parasol. Je suis donc abrité du soleil qui commence à briller à bonne hauteur. C’est au moins une compensation pour la difficulté de marcher sur un sol plutôt meuble.
L’attrait du paysage ne m’émeut pas autant que les jours précédents, surement un effet de la motivation en berne… Allez, il faut y aller, sacré bon sang… il y aura peut-être une bonne surprise sur ces chemins.
Alors je me concentre sur la marche. Surtout faire attention à ne pas riper sur le coté et préserver mes chevilles. Je ne me ressens pas de la vrille d’hier qui m’a endolori la cheville gauche tout l'après midi. Il faut dire que j’ai suivi les conseils du gérant de l’hôtel qui m’a recommandé d’aller tremper mes pieds dans la piscine… qui n’est pas chauffée… et je confirme que le soleil n’a pas encore fait son office sur la température de la piscine… gelée ! Mais un régal pour mes pieds. Du coup, même mes articulations arthrosiques ont bénéficié de ce traitement réfrigérant. Nuit douce et réparatrice et ce matin plus de douleur.
Néanmoins, je fais très attention à ne pas mettre mes chevilles dans l’embarras. C’est avec forte concentration que j’avance en scrutant les trous et les bosses du chemin, en repérant les tas de sables qui glissent sous la chaussure, à anticiper le coté du chemin le plus propice sur les trente prochains mètres… pffff… c’est harassant ! Plus moyen de regarder le paysage. Au demeurant, ce n’est pas vraiment passionnant, même les oiseaux ne sont pas de la partie ou beaucoup moins que les jours précédents. Sont-ils sensibles au soleil et à la chaleur ? Ou simplement ont-ils autre chose à faire qu’à siffler à longueur de journée pour le pèlerin de passage…
A mi-parcours, je m’engage sur un boulevard de sable, bien meuble, en fait une véritable dune… qu’il me faut escalader parce que bien sûr la pente est raide. Pour en définitive accéder à un sentier bien caché sur le coté et surtout protégé par les bois environnants. Ca me rassure parce que le grand boulevard de sable, il ne me tentais pas du tout.
Comme je viens de passer la maison forestière du coin, je me dis que c’est le bon endroit pour faire la pause midi d’autant qu’il est déjà 11h20. C’est l’heure du déjeuner habituellement… Mais surtout pour éviter de me faire prendre comme hier, je pourrais remplir ma gourde après à la maison forestière. Je m’installe donc pour une pause plutôt courte et je retourne à la maison forestière faire provision d’eau.
Retour sur le petit chemin ombragé pour un assez long moment. Je suis un petit canal qui ressemble plus à un ruisseau. Je passe une retenue. Je me dis que je me rafraichirais bien dans cette eau qui doit être bien froide comme j’aime. Quelques kilomètres plus loin, j’avise une petite plage pentue mais accessible et praticable. Il ne s’agirait pas que je ne puisse pas m’extirper de l’eau une fois dans le bain !
Je pose le barda et ni une ni deux, je me déshabille pour un petit bain glacé. Rassurez-vous, j’y vais par petite touches pour éviter l’hydrocution. Une fois dans l’eau… un régal. Le courant fait glisser l’eau sur ma peau, de petits alevins tournent autour de moi, c’est un moment magique. Seul dans cette forêt, dans mon bassin, le vrai plaisir naturel. Seul… oupss… improbable ! Alors que je n’ai vu âme qui vive toute la journée, voilà une promeneuse qui passe sur la rive d’en face. Oh, elle aura vu mes fesses et alors, tant pis pour elle ! Encore que, connectée sur son portable en pleine communication téléphonique elle n’aura peut-être même pas vu que j’étais là… C’est incroyable la dépendance que cet engin créé chez certains et certaines…
Bon je remballe tout, me rhabille et reprends la route. Encore quelques kilomètres à suivre le cours d’eau dans les sous-bois et j’aperçois les premières maisons de Lège-Cap-Ferret, petite bourgade où je dois dormir ce soir. Je repère la maison où j’ai mon accueil pèlerin et je me présente… La dame est en pleine séance de coiffure. Elle me fait patienter le temps de finir sa coloration et m’indique la chambre où je m’installe. Repas ce soir à 19h30. Puis coucher tôt car demain j’ai une grosse étape. En plus des 25km prévu, il va falloir ajouter ceux que je n’ai pas fait aujourd’hui… snif… Au moins ce sera un sujet de motivation, celle qui me manquais ce matin.
Finalement, cette étape n’a pas été si compliquée que je ne me l’imaginais ce matin au départ. Je n’ai pas trop souffert de la chaleur, je n’ai pas manqué d’eau, je me suis baigné dans une eau froide pour me rafraichir, … encore une étape qui amène son pesant de belle choses… comme quoi, il faut y aller pour savoir !
Sur ces paroles hautement philosophiques, je vous laisse jusqu’à demain. Bonne lecture.
Mon cher Christian
Voila maintenant 30 jours que tu arpentes le chemin de compostelle avec le plaisir de découvrir chaque jour de nouvelles aventures qui viennent enrichir et construire ton récit quotidien... S'il te vient une nouvelle fois une absence de motivation, penses à tes lecteurs qui confortablement installés dans leur canapé marquent un intérêt quotidien à découvrir l'étape du jour.
Oui. Je sais c'est un peu facile et simpliste comme remarque... Mais c'est tellement agréable de "Compostelle" avec toi par le récit et l'image photo.
Merci pour ce voyage et vas jusqu'au bout. Le mot fin n'en sera que plus beau.
Amicalement JM