Les gros nuages gris s’amoncelant au-dessus du port annonçaient une journée maussade comme indiqué hier soir à la télévision. Et pourtant au sortir de l’hôtel, un ciel bleu et un beau soleil. Avec du vent soit mais ça aussi c’était prévu. Donc je m’équipe pour une journée ensoleillée et m’en vais en direction de l’embarcadère où je dois prendre le ferry pour traverser la Gironde et rallier la pointe de Grave.
Vingt petites minutes de marche, histoire de se mettre en jambe et décrasser les muscles engourdis par la nuit et surtout les efforts répétés des jours écoulés depuis le départ. Je passe devant une immense roue foraine bien en panne à cause du vent fort. Me voilà donc devant la grille de l’embarcadère, fermée… et un joli panneau indiquant « Interruption de Service » !!! Saperlipopette… pas ça… Et voilà, première vraie galère du chemin. Sans cette liaison, il me faut faire tout un tour en passant par Bordeaux parce que le prochain passage de la Gironde est à Blaye mais ça ne m’arrange pas du tout, ça m’éloigne de mon chemin et surtout me bouleverse tout le planning.
L’employé arrivé en même temps que moi, alerté par ses collègues, se renseigne et revient vers les personnes qui attendent car je ne suis pas seul, bien sûr. Cyclistes, camping-cariste, automobiliste et moi… seul piéton pour le moment. C’est une panne du bateau, nous indique-t-il, qui oblige à la suspension des traversées. Le problème semble sévère aux dires d’une autre employée venue transmettre la nouvelle à la file de candidats au passage, agglutinés maintenant devant le portail. Et bien sûr pas de délai annoncé pour le redémarrage des traversées… peut-être dans l’après midi mais rien de sûr.
Vraie galère pour moi car je n’ai pas vraiment d’alternative. Enfin, si en regardant sur Internet, j’ai bien une solution en train via Bordeaux, 3 TER et 5 heures de trajet, qui me fait arriver à 20h30 à Soulac… Départ à 15h10 à la gare de Royan. Il faut 30minutes pour s’y rendre, je peux donc attendre jusqu’à 14h15/14h30, histoire de donner une chance à la chance !!
Je m’inscris sur le site du Ferry pour être informé par SMS au cas où un rétablissement interviendrait plus tôt. Je m’en retourne vers le premier bistrot ouvert et à l’abri parce que bien sûr, une galère n’arrivant pas toute seule, le temps a carrément viré au gris sombre, à la presque tempête (bon j’exagère un peu mais c’est l’humeur…) et il me paraît plus prudent de trouver un abri. Pas au chaud à cause du Covid, terrasse oblige…
Premier café… second café … une heure passe… un voisin de table m’entreprend aimablement, je lui réponds tout aussi aimablement. Et une discussion s’engage. Cependant, il me semble ne pas avoir complètement digéré les agapes de sa soirée de la veille et se remet déjà à la pinte de bière dès 9h du matin… Je m’éclipse poliment pour regagner la grille de l’embarcadère. Au passage, j’échange avec des compagnons cyclistes de galère qui ont prévu aussi de traverser ce matin. Je décide de camper auprès de l’embarcadère en attendant… un miracle !
A 11h, il s’accompli ! La prochaine navette est pour 12h35 ! Je n’en crois pas mes yeux, c’est marqué sur le panneau que l’employé vu ce matin vient d’accrocher à la grille. Un regain de bonheur m’envahi tout autant que le soleil qui est revenu depuis que j’ai quitté le bar. Fini les gros nuages gris foncé, fini la galère… enfin attendons de voir le ferry arriver.
A 12h00, les grilles s’ouvrent et nous pouvons payer notre écot pour passer de l’autre côté du fleuve. Attente au chaud car le ferry n’est toujours pas arrivé. Il sera un peu en retard mais finalement nous embarquons et après 25 minutes de navigation, nous sommes rendus à destination. Enfin pas encore… il me faut marcher jusqu’à Soulac. Enfin le vif du sujet !
C’est amusant comme on se sent très marginalisé lorsque l’on est à pied et sur les chemins de randonnées… tout le monde s’en va sur le bitume et moi, bien seul, eh bien mon ami GPS me fait partir à l’opposé vers un petit sentier à peine visible sur la droite. Bien seul ! Je le resterais pratiquement tout le trajet, ne croisant que quelques cyclistes en balade vers la plage sur la Vélodyssée.
Alors GPS s’est un peu amusé à me faire monter et descendre les dunes le long de la plage… je suis sûr qu’il m’a concocté un programme de musculation des cuisses… En même temps, il faut bien me préparer à la « haute montagne » Espagnole… Je ferais moins le mariole quand on abordera les 350m/400m de dénivelés positifs… Il faudra bien que je les monte les kilos superflus et le sac à dos en plus !!
En revanche, il faut reconnaitre que marcher dans les sous-bois de bord de mer, c’est un vrai délice. Un tapis de mousse, que dis-je, une moquette. Ce mélange de terre et de sable recouvert d’un coussin d’épines de pin… quel bonheur pour mes pieds. A contrario, le pur sable des dunes qu’il faut quasiment escalader c’est une véritable torture. Même les bâtons n’en peuvent plus de pousser, ils s’enfoncent dans le sable qui devient presque mouvant… une vraie horreur… Heureusement… il y a toujours un bon côté aux pires moments de la vie … le paysage est sublime ! La mer, les vagues, le grand large, et en plus, il fait beau ! C’est délicieux… je savoure !
Pas longtemps, il me faut continuer pour arriver dans des délais à peu près acceptables pour ma logeuse. Je suis finalement assez rapidement rendu à Soulac après avoir suivi sur la fin du parcours, la Vélodyssée qui elle-même longe une ancienne voie ferrée qui semble dévolue maintenant à des parcours touristiques l’été. J’imagine assez bien un petit train roulant à 20km/h pour amuser les vacanciers. Ce doit être plutôt charmant.
Ma logeuse habite près de la basilique « Notre Dame de la Fin des terres ». Je profite de passer devant pour y pénétrer et la visiter. Je rencontre mon Saint-Patron du moment… Jacques de Compostelle… Il y figure en pied magnifiquement. Une prière rapide avant de me présenter chez ma logeuse qui m’accueille avec gentillesse dans un petit studio qui m’est dédié. Tout est prêt pour la nuit, le repas du soir et même pour le petit déjeuner du lendemain. Après que j’ai retiré mes chaussures pour soulager mes pieds endoloris, nous prenons le temps d’échanger, elle sur ses expériences de pèlerinage passés et moi sur les motivations du mien.
Voilà une journée riche en émotions qui se termine bien… une bonne douche et vite au chaud après ce blog.
A demain en terres Aquitaines …
T'es un rigolo toi !!
Alors je vais te dire, si ça avait été une option, j'y serais encore ... et puis vu la hauteur de la houle, j'aurais reflué plutôt que d'avancer.
Mais rassures moi, Triathlon c'est bien "Marche / Pédalo / Sieste " c'est ça ?
Là oui, je m'inscris pour l'an prochain ... fingers in the nose ... 😎
Wahrgh, le stress devant l’embarcadère ferme! Dans ce cas le temps peut sembler bien long! Et comme chaque km est important à pied j’imagine qu’élaborer les plans B,C et cie n’est pas tout à fait la même chose quand tu marches ou quand tu es en voiture! contente que ça se soit bien fini! Bon courage pour aujourd’hui !
Plus les jours passent, plus tu te rapproches de ton but et sans pour autant t'éloigner de nous grâce à toutes ces belles photos que tu partages avec nous, nous avons l'impression de te suivre. Merci encore et prends de toi. Bises
Certains de tes lecteurs ne peuvent pas t’écrire alors pourras-tu leur donner la marche à suivre Merci 🙏
Temps très maussade avec grêle - orage - pluie même Brindille reste figé mais le soleil va adoucir ton prochain jour. Sublimes photos. Bisous