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Photo du rédacteurChristian

Epilogue 1: Compostelle...

L'arrivée fut très émouvante mais la place largement encombrée a grandement perturbé la perception de cet évènement. Le lendemain, plus de barnum ni d'estrade, plus d'ouvrier activés à démonter tout ce bazar. La place appartient à nouveau aux pèlerins qui dès tôt le matin se l'approprient avec délectation. Ceux arrivés les jours précédents et qui attendent le jour de la fête et ceux qui viennent juste de parachever leur pèlerinage. Tous cherchant leurs compagnons de route rencontrés plus avant sur le chemin. Tous cherchant cette émotion pure de la joie à partager, du bonheur du Graal enfin atteint...

C'est ce que je viens chercher en ce samedi matin de fête et je retrouve quelques têtes familières, on se salue, on se tombe dans les bras, on s'apostrophe dans une grande communion. Les arrivants découvrant avec des yeux ébahis les lieux tant fantasmés, les autres avec cette chaleur bienveillante dans le regard. Indescriptible !!

Cependant, il y a un incontournable auquel il me faut absolument souscrire, la messe des pèlerins. Et pour tout vous dire, nous sommes très très nombreux à vouloir y participer. Qui plus est, la file d'attente se confond avec celle des personnes désirant juste visiter la cathédrale et la crypte où sont vénérés les reliques de l'apôtre Jacques. Je suis pourtant arrivé à 8h pour la messe de 12h30. Il y a déjà une longue file qui n'avance plus car la cathédrale est déjà saturée par la messe de 9h et les visites. Je préviens mes amis Marina et Jacques qu'ils vont devoir arriver vite s'il veulent avoir une chance d'entrer.

Après une très longue attente, la file bouge et nous entrons dans le saint des saints, la nef est large et longue, elle pourrait en temps normal, accueillir de nombreux pèlerins, les contraintes sanitaires en décident autrement. Cela enlève un peu de la communion générale mais le moment est aussi grandement symbolique et le recueillement intense. Le nombre de célébrants est impressionnant, pas moins de 25 prélats, prêtres et aspirants sont à l'œuvre pour concélébrer, il y a même l'archevêque qui préside, c'est le grand patron des organisations locales liées au Camino. La messe est dite en espagnol, bien sûr, mais quelques passages sont dit en français, allemand et italien. La tradition veut que la célébration commence par l'énoncé des noms des pèlerins arrivés la veille ainsi que de leurs origine. Compte tenu du nombre, seule une partie des pèlerins est appelée. J'aurais aimé que Le Rheu soit cité dans la cathédrale de Compostelle, mais ce ne fut pas le cas. L'important n'est pas là, ma présence ici est au delà de ce petit plaisir d'orgueil. La messe se termine au delà de 12h30. Je m'empresse de m'acquitter de promesses faites avant de partir et sur le chemin, en allumant plusieurs bougies aux pieds de la statue de l'apôtre Jacques qui trône, en majesté, au milieu du cœur de la cathédrale. Prières, recueillement et remerciements avant de sortir. La queue à l'entrée de l'église est encore plus impressionnante à cette heure-ci, elle s'étale jusque dans les ruelles de la vielle ville.

Accompagné de Marina et Jacques, je me dirige vers une zone de restaurants proches. L'affluence est importante et trouver une place est difficile. Nous choisissons un petit restaurant espagnol et nous installons pour un menu simple mais somme toute consistant. C'est encore un moment où le temps glisse en nous restituant les douceurs des souvenirs de nos marches de ces derniers mois. Il ne fait pas très beau temps mais cela n'enlève rien à la joie que nous ressentons à partager ce repas ensemble au milieu de tant d'autres pèlerins. Après ce repas, nous nous dirigeons ers la grande place de la cathédrale. Là encore de nouveaux sont arrivés. Là encore, nous recherchons des visages connus. Là encore, accolades et embrassades, faisant fi des consignes sanitaire, pas très Covid tout ça mais tellement chaleureux. Le virus ne peut rien contre ça, il n'n a pas la puissance !!

Une heure, deux heures, ... nous restons là à discuter, humer cette énergie collective, encore une fois indescriptible !

Et puis nous nous séparons en se donnant rendez-vous pour les festivités du soir, concerts et feux d'artifice sont au programme. Je rentre à mon hôtel et plonge dans une sieste plus par habitude que par nécessité. Je n'ai pas encore envie de terminer ce récit, ce sera pour plus tard. Je garde précieusement toutes les photos capturées pour un récit circonstancié, mais pas maintenant.

Vers 8h30, je me prépare à sortir et me rends vers le lieu de rendez-vous où concert et feu d'artifice sont donnés, pas bien loin du centre. C'est un parc en plein centre ville, arrangé autour d'un monticule au sommet duquel est édifiée une ancienne église Adro de Santa Suzana. Je pensais trouver un point haut d'où observer le feu d'artifice mais non, trop d'arbres. Après m'être renseigné, je contourne le parc et me retrouve dans un espace aéré avec une belle vue dégagée sur le ciel. Je m'installe pour une longue attente, le feu ne sera tiré qu'à 23h30 ! Mais quel feu d'artifice ! ils ont mis le paquet pour ces fêtes... Vingt minutes de magie d'étoiles et d'étincelles, de bruit aussi assez assourdissant mais c'est beau!! Après cette féérie, un bon sommeil sera propice à de somptueux rêve de pérégrinations étincelantes.

L'hôtel est vraiment top, confort 4 étoiles, petit déjeuner pantagruélique et cadre majestueux d'un ancien monastère. Je savoure ces instants douillets après cette longue aventure dans des lits parfois bien sommaires et des nuits quelques fois difficiles ou animées. Dimanche de fête, nous n'avons aucun espoir de pouvoir entrer dans la cathédrale aujourd'hui. Le Roi est de la fête et doit faire l'honneur de sa présence. Il est vrai que Saint Jacques est le saint protecteur de l'Espagne, il se doit d'être là. Je sors de l'hôtel avec le sourd espoir d'atteindre la boutique de la cathédrale où j'ai repéré un t-shirt floqué Camino avec un décor simple qui me plait bien. Espoir vite déçu car à peine sorti de l'hôtel, je suis bloqué par un cordon de spectateurs eux-mêmes bloqués par un cordon de policiers en faction. Tout ce petit monde attend le passage du Roi... 20 minutes plus tard, après le défilé d'une troupe militaire et de sa fanfare, il est devant nous, en voiture, il passe ... et cela dure tout juste 10 secondes ! Un signe de la main à l'attention de ses sujets et l'un d'eux qui scande "Vive la République !!" Enfin quelqu'un de sensé dans toute cette assemblée... Et là je me dis: "Mais qu'est-ce que tu fais là à atteindre le passage d'un Roi d'apparat ??" Et là, je m'éclipse dans la première rue parallèle qu'il m'est permit de prendre. Le cordon de sécurité est bien large et il me faut bien un bon quart d'heure pour atteindre la placette où je retrouve Marina et Jacques. Entretemps, j'ai du patienter derrière un autre cordon, celui là opposé puisqu'il s'agit d'autonomistes Galiciens. Il n'y a pas que les Basques et les Catalans qui se veulent indépendants...

Enfin me voilà attablé à un café avec mes amis Angevins. Nous restons là un bon moment à attendre que la place nous soit rendue, ce qui se produit dans le milieu de l'après midi. Nous nous séparons donc une dernière fois avant le retour en France car Marina et Jacques continuent à pied jusqu'à Fistera et reprennent le chemin demain matin aux aurores. Pour ma part, j'ai loué une voiture pour faire l'aller-retour demain. Ce sera l'objet d'une dernière lecture à suivre demain. Je rentre à la maison Mardi par la voie des airs.

Sans nous en rendre vraiment compte, nous nous dirigeons chacun de notre coté vers la place de la cathédrale. Surement pour apercevoir une dernière fois un visage du chemin. Et là nous nous retrouvons en riant de notre aspiration vers cet endroit magique. C'est incroyable comme nous n'arrivons pas à nous arracher de cet endroit. La magie du Camino se poursuit et se poursuivra encore longtemps...

Ca y est, c'est le vrai départ... une dernière embrassade, une promesse de se revoir en France pour partager encore et encore ce mystère qui nous a envahi...

E ULTREIA... E SUSEIA... DEUS ADJUVOS !!

Que vive le Camino pour des siècles et des siècles....



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